Le manoir de Jean Bourdon au coteau Sainte-Geneviève 

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                                         ( Jean Bourdon, dit Rommainville  1601-1668 )

 

Jean Bourdon

    Jean Bourdon arrive à Québec en 1634 et bâtit sa maison immédiatement sur la Côte Sainte-Geneviève. Le 9 septembre 1635, Bourdon épouse à Notre-Dame de Recouvrance, Jacqueline Potel. Le mariage est célébré par le Père Le Jeune en présence de Guillaume Hubou et Noel Juchereau, commis général des la Compagnie des Cent-Associés (2, p. 56).  En 1655, Il se mari en seconde noce avec Anne Gasnier le 21 août 1655 à Québec. En octobre 1645, Jean Bourdon est gouverneur intérimaire de Trois-Rivières. En 1647, il est élu procureur syndic des habitants. En 1651, il est procureur général des habitants de la Nouvelle-France. En 1663, il devient procureur général du Conseil souverain. Jean Bourdon a aussi acquis plusieurs concessions. En 1636, concession de la Rivière au Griffon; en 1637, concession de la seigneurie d'Autray; en 1653, concession de la seigneurie de Dombourg (Neuville ou Pointe-aux-Trembles); en 1655, concession de l'arrière-fief Ste-Anne dans Lauzon.

 

Anne Gasnier

Anne Gasnier et Élisabeth Estienne sont toutes deux accompagnatrices des groupes des filles du roi. Elle voient à leur mariage et tâchent de rendre plus facile leur établissement.

Anne Gasnier s'était liée d'amitié avec la confidente de l'intendant Talon. Elle émigre au Canada dans le but de consacrer sa vie aux miséreux. Elle épousa le 21 août 1655 le seigneur Jean Bourdon, veuf et père de huit enfants. Après la mort de son mari en 1668, son dévouement pour les bonnes oeuvres s'intensifia. Elle s'occupa particulièrement des filles du roi, effectuant plusieurs voyages en France pour les recruter et leur fournir le gîte et le couvert lors de leur arrivée à Québec. Elle s'intéressait à ses protégées tant qu'elles n'étaient pas mariées, et même après si nécessaire. (12)

 

Le plan de 1640 (Morin-Bourdon)

    Les recherches sur la localisation de la chapelle_Champlain s'appuient en partie sur cette carte recopiée par P.L. Morin à partir du plan de Jean Bourdon. Cette carte de 1650 ou 1651 et non 1640. Dans ce plan, on identifie le logis de Jean Bourdon près de l'église Notre-Dame de Recouvrance (identifié en D). 

                                 

                                 Source (4)

 

Localisation du manoir de Jean Bourdon

    Mais quelle est donc cette demeure de Bourdon près du fort Saint-Louis?  Auguste Gosselin mentionne qu'à son arrivée en 1634, il choisit lui-même le coteau Sainte-Geneviève comme son lieu de résidence. Ce terrain est fort éloigné du fort Saint-Louis.  L'auteur écrit:

    " En attendant, le jeune homme va choisir lui-même le lieu de sa demeure dans la banlieue de Québec, sur le coteau Sainte-Geneviève, à deux kilomètres environ du fort Saint-Louis.  Le coteau est encore revêtu d'une épaisse forêt; mais les arbres séculaires s'inclinent sous la hache de l'intrépide colon." (1, p. 5)

    Cependant Bourdon a besoin d'aide. " Obligé de s'occuper de la reconstruction du Fort Saint-Louis et des travaux à faire à la redoute de la Basse-Ville. Bourdon confie à son ami l'abbé de Saint-Sauveur la surveillance des ses défrichements" (2, p. 55)

    Dans le même livre il parle ainsi de son arrivée dans le coteau Sainte-Geneviève, il écrit:

    " En attendant, le jeune homme, à l'exemple de Robert Giffard, va choisir lui-même le lieu de sa résidence dans les environs de Québec. Il prend le seul chemin qui existe encore, la Grande Allée, qui conduit au Cap Rouge, et se rend jusqu'à un sentier qui descend le coteau Sainte-Geneviève.  La terre qui avoisine ce sentier est encore toute en bois et n'est occupée par personne; avec l'agrément de Champlain, Bourdon en prend possession ... Cette terre d'environ cinquante arpents en superficie commence à douze toises de la Grande Allée et s'étend jusqu'à l'escarpement de la colline.  Elle est bornée au nord-est par celle de Pierre de la Porte " (2, p. 53)

François-Xavier Chouinard confirme cette localisation du manoir de Bourdon lorsqu'il décrit l'aspect de Québec en 1665  Il écrit:

 " Il y avait quelques emplacements défrichés et quelques maisons le long du chemin appelé Grande-Allée, qui partait de la Place d'Armes et allait à Sillery. Du côté opposé du promontoire, un autre chemin conduisait à l'établissement connu sous le nom de Saint-Jean, où le sieur Bourdon, procureur général, avait construit son manoir et une chapelle" (8).

    La maison de Bourdon semble se situer bien loin de fort Saint-Louis et Auguste Gosselin mentionne les inconvénients:

    " On représente à Jean Bourdon les dangers auxquels lui et sa petite colonie sont exposés de la part des Iroquois à la distance où ils sont du fort Saint-Louis.  "Eh bien, si je suis attaqué, je me défendrai, s'écrit-il. Qu'on me permette de construire une redoute, de ce coté-là. Québec, placé entre deux forts, sera plus en sûreté contre l'ennemi" Le gouverneur lui concéda un nouveau fief, dans la banlieue: Bourdon lui donne le nom de fief Saint-François   " (1, p. 6)

    "Ainsi au printemps de 1635, un  modeste et confortable logement surgit au milieu de la clairière du coteau .... L'habitation de Bourdon occupe une position élevée et superbe, justement appelée Belvédère, qui commande la vallée de la rivière Saint-Charles." (2, p. 56). Monsieur de Montmagny confirme Jean Bourdon dans la possession de son fief en 1637 (2, p. 67).

 

La chapelle Saint-Jean

Au fils des années, son fief s'agrandit mais il lui manque une chapelle et un moulin à farine. Auguste Gosselin écrit:

    "Bourdon se propose de construire une chapelle et un moulin à farine. Mais comme il n'est pas seigneur, il ne peut bâtir le moulin sans la permission du gouverneur, qu'il obtiendra en 1652. (2, p. 69)  En 1650, l'abbé Jean Le Sueur, rejoint Bourdon dans son fief Saint-Jean où l'on édifie une chapelle près de sa maison. En 1664, Bourdon lègue à son ami l'abbé Le Sueur, la chapelle Saint-Jean. Cette chapelle devient une desserte pour les habitants du coteau Sainte-Geneviève. En plus d'être le responsable de cette chapelle, l'abbé Le Sueur agit en même temps comme précepteur des enfants de Bourdon. (10).

Pierre-Georges Roy mentionne ce passage au sujet de la chapelle Saint-Jean:

" Le Père Gagueneau, qui était supérieur de la mission du Canada, visita la chapelle Saint-Jean au commencement de novembre 1650 et en fit la bénédiction... Les habitants du coteau Sainte-Geneniève regardaient la chapelle comme leur église paroissiale."   En 1677, lors de la vente du manoir à Charles Bazire, par Jean-Francois Bourdon, l'acte ne mentionne pas la présence de la chapelle. (11)

    L''abbé Le Sueur s'était lui-même fait concéder en 1646, un terrain contigu situé sur le coteau Sainte-Geneviève. Ces deux concessions forment le fief Saint-François, dont les tenanciers obtiennent le 30 décembre 1653, la prolongation jusqu'à la rivière Saint-Charles. L'abbé Le Sueur devient donc propriétaire d'une partie des terres qui portera plus tard le nom de Saint-Sauveur. Le prêtre s'éteint en 1668 à l'Hôtel-Dieu de Québec (10).

    Dès l'arrivée des Augustines en 1639, l'abbé Le Sueur est nommé chapelain des religieuses pendant une dizaine d'années à la demande du supérieur des Jésuites qui ont alors la charge spirituelle de la colonie. Entre-temps, il demeure à la disposition des Jésuites pour la paroisse de Québec et pour la mission de la côte de Beaupré, qu'il visite périodiquement. (10)

 

Le recensement de 1666

Au recensement de 1666, plusieurs personnes demeurent au manoir:

Jean Bourdon,  65 ans,   procureur général  du roi en conseil       
Jean le Sueur .........................................66 ans,  prêtre                             Anne Gasnier .........................................52 ans,  sa femme  
Jean François Bourdon (fils) ...............19 ans, sieur de dombourg       Jacques Bourdon (neveu).....................13 ans, sieur d'Autray 
Andre DuMets ........................................30  ans, domestique                  Jean-Baptiste  Dubuc .......................... 27 ans,  domestique
David  Benoist 	.................................20 ans,  domestique                   Pierre du Vallon .....................................25  ans,  domestique
Pierre Fandier 	.................................18  ans, domestique                   Pierre Marcereau...................................14  ans, domestique
Lucien Talon 	.................................22  ans, domestique                   Jean Leonnard       ................................16  ans, domestique
Estienne Bonnet ....................................22  ans, domestique                  Pierre Fournet .......................................  24 ans, menuisier engagé

Marie, Marguerite et Magdeleine  Gloria, respectivement âgées de13, 9 et 4 ans.  Ces enfants sont de Marie Bourdon, nièce de Jean Bourdon et veuve de Jean Gloria, notaire. 

Les  filles de Jean Bourdon, Anne, 23 ans, Geneviève-Marie, 29 ans, sont religieuses aux Ursulines de Québec. Quant à Marguerite, 26 ans, elle est religieuse hospitalière.

Ses voisins immédiats sont Noël Morin (14)  et Noël Pinguet.

Le fief Saint-Jean et le terrier du Saint-Laurent de Marcel Trudel

 

Source (3)

                                                   Cliquez ici pour une carte détaillée.

 

    On retrouve le terrain du Jean Bourdon au centre de la carte. Son terrain s'étend de la Grande Allée jusqu'à l'escarpement de la colline Sa terre ne sera érigée en fief noble  qu'en mai 1658 (voir le quadrilatère indiqué:  IV SAINT-JEAN). Bourdon jouit d'une grand considération et nous voyons que dès 1636, on l'appelle généralement Monsieur de Saint-Jean (2, p. 67)

    Cette terre appartiendra à Jean-François Bourdon. Il vendra cette terre nommée Saint-Jean en 1677 à Charles Bazire (2, p 67). Il est également propriétaire du fief Saint-François ou il élèvera un fort avec hautes palissades. Ainsi les les colons pouvaient aller s'y réfugier en cas d'irruptions iroquoises (2, p. 68).

    Charles Aubert de LaChesnayne achète, le 28 août 1677, la moitié du fief St-Jean à Jean-Francois Bourdon.  Il acquiert ensuite le reste, vendu sur sa succession à Michel Sarrazin, le 22 octobre 1709. (9)

Note:  Aujourd'hui, cette terre débute à 12  toises de la Grande Allée entre la rue Vauquelin (Calixa-Lavallée)  et avenue des Braves et se rend jusqu'au début de la falaise.

 

La réserve d'Ailleboust et le terrier du Saint-Laurent de Marcel Trudel

Source: (3)

    Ainsi dans ce plan de la haute ville de Québec, il n'est aucunement fait mention de la maison de Bourdon, dans le quadrilatère de la Réserve d'Ailleboust. Rappelons que Jean Bourdon meurt en 1668. Il semble que la Chapelle Champlain existait toujours en 1661. Elle constitue une borne pour la concession de Mathieu Huboust Deslongchamps (13). Sur son plan de 1663,  Marcel Trudel indique avec imprécision la chapelle Champlain dans le corridor d'un terrain inoccupé. Ce terrain sera vendu, non sans problème, en 1673 à Toussaint Dubau,  par l'Hôtel-Dieu de Québec.

Voir également la page:  La Chapelle Champlain et le tombeau de Champlain: Etat de la question.

 

Conclusion

    Il est possible que le plan de Bourdon-Morin comporte certaines erreurs. René Lévesque, en 1977 émettait déjà certains doutes sur l'authenticité de la copie de cette carte (5). Dans son plan de Québec, on indique le logis de M. Bourdon et non la cabane en écorce de Martin Boutet, mathématicien et maître-chantre.  Le plan de Bourdon_Morin fut totalement discrédité lorsque la  Ville de Québec fit  des recherches archéologiques dans le cadre de la nouvelle chapelle dédiée à Mgr. de Laval. La chapelle Champlain ne se situait pas sous la cinquième fenêtre de l'Eglise paroissiale. 

    Les recherches de Silvio Dumas entre 1951 et 1957 ne portaient pas sur la chapelle de Me Bourdon. Ce dernier demeurant à au moins 2 Km du fort Saint-Louis.  Il aurait mis à jour des vestiges de la résidence des Jésuites, servant de presbytère à l'église Notre-Dame-de-Recouvrance.

 

    Pierre Dubeau est bibliothécaire.

    collaborateur du site: (www.dubeaufamily.com),  Membre de la Société généalogique Canadienne-Française (17253).

    Montréal, le15 novembre 2006

   courriel:  pdubeau@dsuper.net

 

 

    Sources bibliographiques

(1) Gosselin, Auguste,  Les Normands au Canada: Jean Bourdon, 1634-1668,  Évreux, Imprimerie de l'Eure, 1892, p. 5-7

    Texte intégral à:  http://www.ourroots.ca/e/toc.asp?id=1695

(2) Gosselin, Auguste, Jean-Bourdon et son ami l'abbé de St-Sauveur: épisodes des temps héroïques de notre histoire,  Québec,  Dussault & Proulx imprimeur, 1904, pp. 53-69

   Texte intégral à:  http://www.ourroots.ca/e/toc.asp?id=3965

(3) Trudel, Marcel, Le Québec de 1663,  Québec, Société historique de Québec, 1972, No. 4, pages centrales

(4)  Source Levesque, René. Le tombeau de Champlain, journal d'un archéologue, Québec, Entreprises V.W.L., 1992.  Pl.   79

(5) Texte de Maurice K. Séguin, voir: http://www.geocities.com/dlemyre/tombeau_champlain.html

(6) Dumas, Silvio, La Chapelle Champlain et Notre-Dame de Recouvrance, Québec 1958, Société Historique de Québec, Cahiers d'histoire No. 10, p. 18

(7) Recensement de 1666 paru dans la revue Mémoires de la Société généalogique Canadienne-Française, Janvier -  avril 1967, Vol. 18, nos. 1 et 2

(8)  Chouinard, Francois-Xavier,  La ville de Québec - Histoire municipale 1- Régime Français, Québec, Société historique de Québec, 1963, p. 39

(9) source Internet:  http://www.grandesfamilles.org/Aubert/01.html

(10) Ville de Québec -Typonomie:  http://www.ville.quebec.qc.ca/fr/ma_ville/toponymie/rues/saint_sauveur.shtml

(11) Roy, Pierre-Georges, La ville de Québec sous le régime français, volume premier, 1930. p. 203

(12) Dumas, Silvio, Les Filles du roi en Nouvelle-France, Québec,  1972

(13) Le mariage de Mathieu Huboust  et Suzanne Betfer ( Betford ?? Boifaite )  a été célébré par le curé Barthelemy Vimon en présence de Jean Bourdon, Jean Dumaine, Martin Abraham et Nicolas Goupil, cela en date du 28 septembre 1649

(14) Le 26 avril 1645, Noël Morin obtient une terre de quarante arpents sur le coteau Sainte-Geneviève. Il y fera construire, entre cette date et 1667, trois corps de logis, dont deux avaient une chambre à feu chacun, cave et grenier, le troisième servant de boutique et grenier dessus, avec une grange, et deux arpents et demi clos de pieux et servant de cour. Il demeure charron puisqu'il fait élever une construction lui servant de boutique. En 1652, d'ailleurs, Marie d'Abancourt, la veuve de Louis Jolliet fait appel à Noël Morin pour évaluer des outils de charron laissés par Jean Bourdon et en 1676, elle placera son plus jeune fils, Zacharie, en apprentissage chez lui, au Coteau. source:  http://epf.planete.qc.ca/histoire/ancet-racines/Morin.asp

(15)  Moss, William, La chapelle de Mgr de Laval à la basilique de Québec, Québec, Ville de Québec. Service de l'urbanisme, 1995.